JDR-communauté d'Elandar
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur Moulinex Companion ...
600 €
Voir le deal

Background Cerbin

Aller en bas

Background Cerbin Empty Background Cerbin

Message par Cerbin Lun 12 Juin - 13:14

Il y a plusieurs décennies, j'étais un soldat, et plutôt un bon : formé au Bois de Fer par les meilleurs maîtres d’armes, aux côtés de ce qui deviendrait certainement la fine fleur des armées elfes et naines, j’avais vite été repéré comme un élément prometteur, et l’on m’avait fait rejoindre les troupes d’élite des elfes dorés. J’avais choisi la voie des armes pour venger ma mère, ancienne soigneuse et herboriste, tuée lors d’un raid orc sur nos terres, avec bien d’autres elfes. Je ne devais ma survie qu’à un voyage chez les nains, dans les monts d’airain, où ma mère m’avait envoyé faire forger des outils. Je n’avais alors que 80 ans. Je n’avais depuis qu'un seul désir. Ils avaient pris ma mère, je prendrai leurs vies.
Cela faisait 36 ans que j’avais fini ma formation. Nous avions reçu une mission simple : un camp orc avait été signalé au nord ouest. “Faites le nécessaire”, nous avait dit notre chef avant de lancer l’attaque. Ce fut un massacre : une quinzaine de tentes, protégées par une maigre palissade et défendue par quelques soldats qu’un elfe seul aurait certainement pu vaincre. Personne ne nous échappait, et bien vite ma lame s’était retrouvée couverte du sang de la race qui avait tué ma mère. J’entrais dans une des tentes, cherchant des survivants. J’y trouvais deux orques, un male et une femelle, qui défendirent bien cher leur peau. J’y gagnais une belle estafilade au dessus de l’œil, eux y perdirent la vie. Entre un soldat surentraîné et deux paysans vêtus de tissu et armés d’outils, le vainqueur ne faisait pas de doute. J'entendis alors un bruit dans le fond de la tente, et je m’approchais, l’épée à la main. J’y découvrai une gamine orque, enveloppée dans des couvertures, encore trop jeune pour marcher, et inconsciente de ce qui se passait autour d’elle. Je sortais ma dague pour l’achever lorsque je remarqua un détail : à coté d’elle, une étagère, remplie de plantes et d’ustensiles d’herboriste. Ces orcs que je venais de tuer, c’était les herboristes du camp. Et devant moi, à ma merci, leur enfant. Cet enfant, c’était moi, quelques années plus tôt. Je reproduisais exactement les actes qui m’avaient poussé à la vengeance et à la haine. Perdu dans un tourbillon d’émotions indescriptibles, je laissais ma dague tomber au sol, et tombais moi aussi à genoux. J’étais devenu le monstre que je chassais.
Il fallait que je mette fin à ce cauchemar. Je ramassais ma dague, la rengainais, et pris la gamine dans mes bras. Je m'apprêtais à sortir, et jetais un dernier regard à mes victimes, mais remarqua autour du cou de la femme, attaché par un lacet de cuir, trois pendentif en métal représentant des feuilles de noisetiers. Je le détachais et le rattachais autour du cou de sa fille, afin qu’elle garde la mémoire de sa mère. Puis je sortis de la tente.
Tout occupés qu’ils étaient à piller le moindre objet de valeur, mes camarades ne remarquèrent pas la silhouette sortant d’une des tentes, cachée sous un grand manteau, et je pus atteindre l’entrée du camp sans être aperçu. Mais là, mon chef me repéra, demandant ce que je transportait de si précieux. Lorsqu’il découvrit la nature de mon bien, il dégaina sa rapière. Grand mal lui en prit, car bien que sous ses ordres j’étais plus réactif que lui : en quelques secondes, il était à terre, inconscient. J’aurais pu le tuer, mais il y avait eu assez de morts inutiles.
J’étais désormais un déserteur, un paria, indigne de la société. Ma première priorité fut de trouver un nouveau foyer à cette enfant. J’avais entendu parler au cours de ma jeunesse de communautés orques tolérées dans le duché de Sienne, cela me semblait un foyer idéal pour l’enfant. Mon périple fut sans encombre, j’évitais un maximum les grandes villes, et si j’étais contraint de parler à quelqu'un, la rapière à ma ceinture suffisait à le dissuader de toute question. J’arrivais finalement en Sienne.
Je me rendais dans un des villages les plus influents, au nord du duché, et passa quelques jours avec eux afin d’apprendre à les connaitre. Je sentais bien, à discuter avec eux, qu’ils essayaient de leur mieux de garder leur sang froid en toute circonstance, et qu’ils étaient méfiant à l’égard de cet elfe venu d’on ne sait où avec une enfant orque dans les bras. Ils me posaient bien des questions ; mais je leur répondait de manière évasive. Le seul à qui j’expliquais l’histoire fut le chef du village, Gardan. Toutefois je modifiais quelques détails : je lui dit être le soigneur d’un régiment elfe, et avoir découvert la fillette après la bataille. La suite restais la même, ma fuite du bois de Fer, ma route jusqu’ici, mon désir de lui trouver un nouveau foyer… Il accepta de l’accueillir et de l’élever avec ses enfants comme sa propre fille, et me remercia d’avoir protégé une orque malgré nos différents raciaux. Si seulement il savait… Il me demanda son nom. Ma mère me disait toujours que la feuille de ronce était pour l’herboriste plus précieuse que l’or, dotée de nombreuses vertus pour qui se risquait à les récolter à travers les épines. Ses parents aussi lui avaient peut être appris la même chose. Je la baptisais alors Ronce.
Je restais encore quelques jours avec eux, et la communauté se montra peu à peu plus amicale avec moi ; malgré tout, je ne me sentais pas à ma place, et décida de partir vers d’autres terres. Je fis mes adieux à Gardan et aux siens, puis retourna une dernière fois voir Ronce. Elle dormait, encore innocente et inconsciente de ce qu’elle venait de vivre. Je détachais délicatement son collier, et récupéra un des trois pendentifs, pour ne pas oublier ce qui s’était passé. En ressortant, je remis à Gardan mon épée, en lui demandant de la lui remettre une fois qu’elle aurait atteint l’âge adulte. C’était une arme en vif-argent de facture naine, que j’avais fait forger sur mesure une fois ma formation achevée.
“Elle deviendra une fière orque, me dit-il, une aventurière digne de nos légendes.
-Apprenez lui à n’écouter qu’elle même, et à ne jamais obéir aveuglément. Apprenez lui que la rage et la colère ne conduisent jamais à la paix.”
Sur ces mots, je les quittais.

Ronce était en sécurité, désormais plus rien ne me retenait ici. Je partis donc pour la Terre des Bêtes, sans réfléchir à ce qui m’attendait là bas, avec dans l’idée de tout recommencer à zéro. Je marchais sans trop savoir où aller, vivant au jour le jour et rencontrant différentes peuplades plus ou moins civilisées, plus ou moins hostiles. Je ne pouvais oublier ce qui s’était passé, mais la nature sauvage avait le don de m’apaiser. Mon voyage me conduisit après quelques semaines au Vrael, où je fis la connaissance de l’enclave des druides du Vrael. Ils m’accueillirent dans leur village et me permirent de me reposer, et nous discutâmes longuement de ce qui me poussait à m’aventurer aussi loin dans la Terre des Bêtes. Je me sentais bien avec eux, et leur raconta toute l’histoire, depuis la mort de ma mère jusqu’à ma séparation avec Ronce. Une fois mon récit fini, l'archidruide responsable de cette enclave, Envarel, prit la parole :
“Toute créature a le droit à une seconde chance, une occasion de réparer le déséquilibre qu’elle a créée. Peut être que ta présence parmi nous est ta seconde chance.”
Ces mots me touchèrent profondément. Le lendemain, je renonçait à mon ancienne vie et entamait ma formation de druide. Je fus formé avec une apprentie du nom d’Aedwyn, une jeune elfe sauvage aspirant à devenir druidesse. Notre maître, un elfe nommé Afegar, était un elfe sévère, exigeant mais juste. Une véritable complicité se développa entre Aedwyn et moi, et très vite Afegar annonça que nous étions prêts à devenir druides. Je reçu mon symbole, un bâton de sorbier, et commençait ma nouvelle vie en tant que druide de l’enclave du Vrael et membre du cercle de la lune, dont faisait parti ma nouvelle communauté. Aedwyn et moi étions deux éléments prometteurs, et on nous envoyait souvent ensemble accomplir des tâches pour lesquelles un druide était requis. Quand nous étions tous les deux, tout semblait réalisable. Bien vite, la complicité laissa place à une émotion plus forte.
Au cours d’une de ces missions, nous avions été envoyé pour localiser un lieu où une magie contre-nature était à l’œuvre. Nous étions arrivés dans une ancienne ruine, datant de bien avant la création de l’enclave du Vrael. Aedwyn retourna faire un rapport à l’archidruide, tandis que je commençais mon investigation.

[une page du journal a été arrachée]

Un matin, je trouvais l’archidruide et lui annoncais mon voyage vers le continent. Je lui expliquais que mes recherches m’avaient amenées à localiser des ruines similaires à plusieurs endroits du monde, et que je devais m’y rendre pour en apprendre plus sur la nature de ces anomalies magiques. Il me donna sa bénédiction.
Je fus rapidement près à partir. Cela me semblait étrange, revenir sur la terre qui m’avait vu naître, mais j’avais une mission à accomplir. Je fis mes adieux à mes frères et à Afegar, puis à Aedwyn. Elle me révéla, avant que je ne lui dise au revoir, qu’elle portait un enfant, et que j’en étais le père. Cette révélation me remplis d’émotions contradictoires, à la fois bonheur, peur, et incrédulité. Mais bien vite, je repris mes esprits, et lui promis de revenir aussi tôt que possible les retrouver, elle et notre enfant.
A l’heure où j’écris ces lignes, je suis dans la cabine d’un navire, traversant l’océan pour rejoindre mon objectif. Nous devrions accoster d’ici quelques heures. En attendant, je me souviens de ce qui m’a poussé à être aujourd’hui sur l’océan. Je me souviens de ces visages, ceux de ma mère, des deux orcs à qui j’ai ôté la vie, de Gardan, de Ronce, d’Afegar et d’Aedwyn. Je me souviens de cette “deuxième chance”.

Journal de Cerbin Tal’Yalas
Cerbin
Cerbin

Messages : 3
Date d'inscription : 12/06/2017
Age : 26
Localisation : Quelque part entre le sapin et le chêne

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum